~「What's new ? 」［Genjirõ Ishikawa］

Anju s'installa devant son ordinateur, une bouteille d'eau dans une main et le câble d'alimentation de l'ordinateur dans l'autre. Son ordinateur menaçant de la lâcher en pleine conversation, elle avait du sortir le câble d'une vieille boîte en carton où elle entreposait tous les câbles électriques. Heureusement, la machine avait réussi à tenir pendant ce temps et le chat était toujours visible sur l'écran. La jeune femme poussa alors un soupir de soulagement et s'installa derrière son écran, déposant la bouteille non loin de là. Bon, c'était la première fois qu'elle essayait le Chat sur un site, mais cela ne devait pas être très différent des programmes de messagerie instantanée. Espérant que la machine ne viendrait pas à faire un truc chelou au beau milieu de la conversation... On ne savait jamais à quoi s'attendre avec les nouvelle technologies. Des voix, ressemblant étrangement à celles des films d'horreurs, vous abordaient aux caisses des magasins, à la banque, même celle qui faisait le répondeur avait une voix de possédée. A vous débiter invariablement que "untel" n'est pas disponible, alors qu'elle ne le connais sûrement pas, ou en tout cas, moins bien que le correspondant. Bref, Anju ne sachant donc pas très bien à quoi s'attendre, se connecta et entreprit d'engager la conversation.

La connexion au chat a réussie. Bienvenue sur...

Bon première étape réussie, c'était déjà ça. Maintenant, il ne s'agissait plus que de conversation, chose presque innée chez les êtres humains. Pas besoin donc d'avoir des compétences spéciales dans un certain domaine pour communiquer !

Fujiya : Salut.

Bon, elle n'avait rien trouvé de mieux comme salutation, mais parallèlement, elle n'avait pas le moral à se creuser la tête pour sortir, tel un magicien sortant un lapin de son chapeau, quelque chose de spécial, original.

Fujiya : Comment ça va ?

Ah, peut-être un peu trop familier... en tout cas, le taux d'originalité de la conversation venait de chuter. On pouvait quasiment prédire ce qui allait être dit ensuite. Découragée, Anju se frotta la tête, tel Aladin appelant le génie de la lampe, espérant réveiller un tel être qui aurait sommeillé dans un coin de sa conscience. Mais rien ne vint, il n'y eut aucune explosion bizarre, pas de fumée, pas d'apparition spectaculaire ni voix résonnante. Finalement, Anju allait se lever et se déconnecter lorsqu'elle reçut une réponse.

... : Hey !

"Hey ?". Anju écarquilla les yeux. Alors c'était comme ça que les gens se saluaient sur le chat ? En remplaçant le "salut" par "Hey !" ? Elle avait du mal à imaginer ça. En général, quand on reconnaissait quelqu'un dans la rue, on lui disait "Hey, salut !". Mais à un parfait inconnu ? Et dire qu'elle avait eu peur d'offenser qui que ce soit avec "comment ça va ?" ! Cela la faisait rire maintenant...

Genjirõ ouvrit doucement la porte de son appartement, entra et la referma à double tour. Lorsqu'il était chez lui, le jeune homme n'aimait pas qu'on vienne le déranger, même si il s'agissait de sa très mignonne voisine qui voulait lui prêter un film. Genjirõ aimait bien sa voisine même si des fois elle était beaucoup trop bruyante, bien que son joli visage pouvait faire pardonner n'importe quelle personne. Mais en début de soirée, à la fin d'une journée épuisante où des managers excentriques l'avait éreinté toute la journée, Genjirõ ne pardonnait personne. Il soupira et s'enfonça dans son appartement sombre, la grosse sacoche de son matériel de photographe pendue à son épaule. Il la posa sur la seule table qu'il y avait dans son deux pièces et alla allumer une vieille lampe qui n'éclairait plus rien. Son appartement était l'endroit où il passait le moins de temps, il n'y venait passer que ses nuits et encore, cela dépendait des jours. Souvent occupé dans sa salle d'exposition, à aller shooter quelques célébrités, proposer ses photos pour des magazines, passer ses journées de congé dehors dans la ville et pendre des photographies. Chaque jour il entretenait sa passion et il n'était pas à plaindre. Mais de sa passion, il ne gagnait pas grand chose, aussi cela se répercutait dans le nombre de possession qu'il exposait dans son appartement : un matelas posé à même le sol, une couette avec un drap, une table, un micro-onde, un plan de travail, trois chaises, une lampe qui n'éclaire rien, un peu de vaisselle, un ordinateur : son outil de travail. Pour le reste, il allait voir dehors, et il vivait très bien comme ça.

-Salut Neko-chan.

Genjirõ se pencha en avant et caressa pensif son chat. C'est vrai que son nom n'était pas original mas il avait la faculté de bien lui aller. Il sourit et alla chercher son ordinateur qui était enfoui sous les draps de son lit. Après avoir fini d'extirper difficilement tous les câbles, Genjirõ alla le poser sur la table et le brancha à la seule prise qu'il avait dans l'appartement. Ainsi il dû débrancher la lampe et la remplacer par l'engin infernal. Même si cette nouvelle technologie « buguait » assez souvent, Genjirõ devait toujours s'y retrouver face à face pour pouvoir perpétuer son travail. Pour les retouches, pour recevoir les commandes, etc, etc... L'homme sortit l'appareil photo, les câbles nécessaires et brancha le tout à son ordinateur en cours de démarrage. Ah. Mot de passe. Ne l'utilisant que très rarement, il lui fallu un temps de réaction pour s'en rappeler et le taper rapidement. Arrivé sur sa session, il déchargea toutes les photographies prises dans la journée et se mit à retoucher celles qui en avait besoin. Genjirõ n'était pas fan de retoucher les photos, mais les managers si. Il enfila une paire de lunettes, qui lui permettaient de ne pas finir aveugle après avoir travailler avec l'ordinateur. Oui, cet engin était bien délicat. En plus de pouvoir vous rendre aveugle et fou, il vous rendait bien des services. Il fallait juste faire le bon choix. Pour se détendre un peu, le jeune homme alla sur un site de chat, histoire de, entre deux photos, se divertir et oublier les braillements de quelques managers en furie. Il ne disait pas que tous les managers étaient ainsi, mais en tout cas les deux dont il avait eu affaire aujourd'hui avaient été assez coriaces.

Fujiya : Salut.
Fujiya : Comment ça va ?

Genjirõ fut surprit, ça avait été si rapide qu'il n'avait même pas eu le temps de retourner sur sa page de retouche. Il haussa les épaules, réajusta le nez de la bonne femme qui souriait niaisement et alla sur la page de chat.

Ginji : Hey !
Ginji : A vrai dire pas trop bien !
Ginji : Je suis pas un adepte fanatique du chat sur la toile et je bousille l'identité de quelqu'un...
Ginji : Je lui arrange le nez.

Après avoir appuyer sur entrée, Genjirõ leva les yeux et se dit qu'il était imbécile. Il venait de dire tout cela à un parfait inconnu. Entendant un miaulement à ses côtés, il tendit ses bras et prit entre ses mains sa petite boule de poils.

-Tu te rends compte Neko-chan, je viens de me dénoncer moi-même... Tu le trouves comment ce nez toi ?

Il posa le matou sur ses genoux, d'une main le caressa et de l'autre écrivit à son interlocuteur mystérieux.

Ginji : Et comment se porte la mystérieuse personne qui se trouve entre satellites et écran d'ordinateur ?

Ginji : Hey !
Ginji : A vrai dire pas trop bien !
Ginji : Je suis pas un adepte fanatique du chat sur la toile et je bousille l'identité de quelqu'un...
Ginji : Je lui arrange le nez.

Anju resta figée devant son écran, ne sachant plus quoi faire. Elle se sentait comme un de ces scientifique qui aurait reçu un message des extraterrestres. La personne qui lui répondait lui donnait l'impression de se situer à des millions de kilomètres de distance et d'être une entité vivante non-identifiée, ce qui n'était pas totalement faux, vu qu'elle ne connaissait sûrement pas cette personne. Bon, que savait-elle de cette personne ? Premièrement, elle n'allait pas très bien. Ça tombait bien, la jeune femme non plus. Ensuite, si on regardait bien les mots, c'était un homme. Un homme qui n'était pas habitué aux chats. Deuxième point commun. Et il... bousillait l'identité de quelqu'un en lui arrangeant le nez ? Que devait-elle comprendre à ça ? Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir plus, un nouveau message venait d'arriver :

Ginji : Et comment se porte la mystérieuse personne qui se trouve entre satellites et écran d'ordinateur ?

Question simple. Pas besoin de se creuser la tête deux-mille ans pour trouver la réponse.

Fujiya : pas trop mal pour quelqu'un qui a passé une journée pénible.

Elle resta quelques secondes immobile, les mains suspendues au dessus du clavier, cherchant une façon correcte de formuler sa question, puis reprit :

Fujiya : qu'est-ce que je dois comprendre lorsque vous dites que vous "bousillez l'identité de quelqu'un en lui refaisant le nez" ?

La jeune femme était intéressée par cette façon de faire. Elle avait déjà réussi à bousiller la vie de nombreuses personnes, mais jamais leur identité... Elle attendit alors la réponse avec un sentiment de curiosité.

Fujiya : pas trop mal pour quelqu'un qui a passé une journée pénible.
Fujiya : qu'est-ce que je dois comprendre lorsque vous dites que vous "bousillez l'identité de quelqu'un en lui refaisant le nez" ?

Genjirõ sourit doucement derrière l'ordinateur et se leva pour aller chercher son paquet de cigarettes, sans omettre de placer son chat sous le bras pour éviter qu'il ne tombe comme une vieille chaussette. Il s'empara du paquet et jeta un coup d'oeil sur la boîte en carton « Fumer tue » ; « Fumer provoque un cancer du poumon », ces écrits étant ponctué par la joyeuse image d'un poumon touché par le cancer. Genjirõ ouvrit le paquet « C'est ça, vivre aussi, ça tue », en pensant à ça, il mit entre ses lèvres la cigarette et chercha de son bras valide son briquet. Il l'alluma, reposa tout son matériel et retourna s'assoir devant son ordinateur, cigarette à la bouche et Neko-chan sur les genoux.

Ginji : je vais pas mentir.

Ah non, ça il n'allait pas mentir. En plus, le jeune homme n'avait jamais été doué pour les mensonges, et n'avait pas été éduqué pour ça. Enfin, il y pensait mais ses frères et sœurs, aînés pour la majorité, étaient tous un peu cinglés et complètement imbibés par le mensonge. En fait, Genjirõ n'aimait pas son frère et ses sœurs. Sauf Saburõ.

Ginji : Je suis photographe et je suis en tr
Ginji : **en train de retoucher quelques unes de mes photographies. Le manager de la fille voulait absolument que je refasse son nez qui pour lui était atroce
Ginji : un truc bête en fin de compte

Il tira sur sa cigarette, souffla la fumée tout en caressant la tête de son chat. Celui-ci faisait une tête à lui dire « Genjirõ, t'es un imbécile où quoi ? T'es en train de raconter ta vie à un inconnu, ça se trouve il va te faire du mal, te cambrioler, te voler ton micro-onde ! C'est peut-être un psychopathe qui va venir te tuer car tu es sa nouvelle cible... » Tout ça, c'était dans les grands yeux jaunes de son chat. Oui, son chat pensait beaucoup, mais souvent il pensait la même chose que Genjirõ en plus simplifié.

Ginji : je vais pas mentir.

La jeune femme retint son souffle, attendant la réponse. Alors, que pouvait-il bien avoir voulu dire par là ?

Ginji : Je suis photographe et je suis en tr
Ginji : **en train de retoucher quelques unes de mes photographies. Le manager de la fille voulait absolument que je refasse son nez qui pour lui était atroce
Ginji : un truc bête en fin de compte

Anju haussa alors les sourcils, surprise et expira. C'était donc ça ? Un photographe qui retouchait ses photos ? On pouvait vraiment tomber sur n'importe qui sur les chats ! En même temps, c'était un peu le principe. Personnellement, elle trouvait que c'était trop gentil de sa part d'avoir accepté de retoucher la photo. A sa place, elle aurait plutôt répondu : "tout le monde ne naît pas avec un physique de rêve, c'est peut-être pas juste mais c'est la vie, alors ayez au moins le courage de l'assumer". Sauf que non, elle n'était pas à sa place et n'avait pas son mot à dire. Point barre. Mais il avait été honnête avec elle, alors elle pouvait bien lui rendre la pareille.

Fujiya : oui, très bête.
Fujiya : je pense que vous êtes trop gentil. Moi, j'aurais sans doute refusé de la retoucher.

Elle attendit à nouveau quelques secondes avant de reprendre, non sans hésitation :

Fujiya : vous aimez votre métier ?

Bon, question bête. Très bête. Elle avait regretté d'avoir posé la question juste après l'avoir envoyée. "Mais bien sûr que oui qu'il aime son boulot, sinon il le ferait pas, idiote ! C'est le genre de métier qu'on fait que par passion, non ?". Sa propre stupidité lui donnait envie de se cogner la tête contre les murs.

Fujiya : désolée, vous n'êtes pas obligé de répondre si ça vous ennuie.

Fujiya : oui, très bête.
Fujiya : je pense que vous êtes trop gentil. Moi, j'aurais sans doute refusé de la retoucher.
Ginji : Il faut bien gagner sa vie !
Ginji : au début le métier de photographe est très mal payé
Ginji : de toute façon je n'aime pas retoucher des photographies.

Exact. Surtout lorsqu'on débutait seul, le métier de photographe était assez raide, mal payé et il fallait avant tout que votre travail plaise à un public. C'était pour ça qu'il avait commencé par faire les commandes de magazines et qu'il développait ses propres expositions dans une salle que lui prêtait des amis. Il avait parfois quelques visiteurs, parfois même des personnes qui lui faisaient des offres, des commandes, mais cela prenait du temps.

Fujiya : vous aimez votre métier ?
Fujiya : désolée, vous n'êtes pas obligé de répondre si ça vous ennuie.
Ginji : ça me dérange pas !
Ginji : bien sûr que j'aime mon métier, c'est une passion un peu dur à vivre mais qui comble mes envies ! J'en suis heureux.
Ginji : même si je vis dans un taudis.

Exact, encore une fois. Son appartement était un vrai, un pur taudis de travail. Son ordinateur le suivait même dans son lit la nuit venue, alors qu'il n'avait pas tout à fait terminé ses photographies. Tout ce qui ne lui servait pas à travailler était ce qui lui permettait de survivre à sa passion.

Ginji : je pense que c'est primordial de faire un boulot qui nous plaît
Ginji : j'espère aussi pour vous que c'est votre cas !

Genjirõ changea de photographie, et regarda encore une fois ce nez qui dérangeait tant. Maintenant tout l'enjeu était de reproduire la même forme, la même couleur de peau que celui qu'il venait de faire. Cela l'exaspérait et il se mit doucement au travail, clope au bec et ses verres sur son propre nez d'homme.

Ginji : je peux me permettre une question un peu personnelle ?

Ginji : bien sûr que j'aime mon métier, c'est une passion un peu dur à vivre mais qui comble mes envies ! J'en suis heureux.
Ginji : même si je vis dans un taudis.

La jeune femme eut un sourire. Un taudis ? Si son propre appartement ne l'était pas devenu, c'était uniquement parce qu'elle ne s'y rendait que pour manger, dormir et travailler quand elle le pouvait. Les jours de congés... hé bien, soit elle travaillait, soit elle sortait, soit elle dormais. Aucune activité qui lui permette de pouvoir altérer le rangement impeccable de ce dernier, même s'il était déconseillé de toucher aux dossiers et aux livres de la bibliothèque, sous peine de mourir étouffé sous une montagne d'ouvrages.

Ginji : je pense que c'est primordial de faire un boulot qui nous plaît
Ginji : j'espère aussi pour vous que c'est votre cas !

Fujiya : ne vous inquiétez pas, je réussi à vivre plutôt bien de ma passion.

"Heureusement que ç'est mon cas !" se dit alors la jeune femme. Il n'y avait sans doute rien de pire que d'être condamné à faire un métier que l'on détestait. Car il impliquait que l'on mourrait soit d'ennui, soit pendu au bout d'une corde. Or, Anju n'avait aucune envie de finir dans une routine ennuyeuse à mourir ou accrochée à un lustre, telle une boule de Noël accrochée à la branche d'un sapin.

Ginji : je peux me permettre une question un peu personnelle ?

Anju se passa alors machinalement la main dans les cheveux, les tirant vers l'arrière de son crâne.

Fujiya : bien sûr. Après tout, vous m'avez parlé de choses personnelles alors que vous ne savez rien de moi.

Fujiya : ne vous inquiétez pas, je réussi à vivre plutôt bien de ma passion.

C'était une bonne chose, alors. Prenant sa cigarette à deux doigt, Genjirõ recracha la fumée si mauvaise pour son grand corps. Peut-être que lorsqu'il mourra, peut-être bien d'un cancer du poumon, ça sera la photographie de ses poumons encrassés qui seront publiés sur la jaquette des paquets. En fait, il s'en foutait royalement, il assumait parfaitement et il n'arrêterait pas de fumer par le simple fait que des photos dégueulasses étaient mises à la vue de tous pour choquer les gens.

Ginji : je peux me permettre une question un peu personnelle ?
Fujiya : bien sûr. Après tout, vous m'avez parlé de choses personnelles alors que vous ne savez rien de moi.

Ah. Il allait pouvoir poser sa questions très, mais vraiment très personnelle. Cela est ironique, ou peut-être pas selon le regard de certaine personne. Mais avant, il devait recolorer les yeux bleus de cette japonais, remanier la couleur mate de son nez et éteindre sa cigarette avant qu'elle ne lui brûle les doigts. Il fit ça en quelques minutes à peine et il retourna aussitôt sur sa petite conversation, qui se déroulait à merveille pour une première fois, qui l'attendait.

Ginji : en fait je suis pas sûr si c'est poli
Ginji : mais bon

Il hésita avant d'écrire sa question, après tout son interlocuteur pouvait mal le prendre, c'était ce qu'il redoutait. Que l'inconnu soit choqué, parte en croyant avoir affaire avec un preneur de désir.

Ginji : vous êtes une femme ?
Il se rattrapa bien vite, avant que la personne ne se fâche, est peur, s'en aille, fui et ne revienne jamais. Et qu'elle le laisse en plant, comme un imbécile ayant fait une bêtise.

Ginji : vous inquiétez pas, si vous en êtes une je vous veux pas de mal !
Ginji : c'était juste pour savoir, j'avais des doutes
Ginji : croyez pas non plus que je suis sur le chat pour rechercher l'élue de mon coeur !
Ginji : ...
Ginji : vous avez pas fuit ?

Ginji : vous êtes une femme ?

Anju se figea un moment, surprise par la question. Elle s'était préparée à autre chose, niveau personnel, du genre "vous vivez à Tokyo ?" ou "vous êtes d'où ?". Elle allait répondre lorsque son correspondant sembla s'affoler un peu :

Ginji : vous inquiétez pas, si vous en êtes une je vous veux pas de mal !
Ginji : c'était juste pour savoir, j'avais des doutes
Ginji : croyez pas non plus que je suis sur le chat pour rechercher l'élue de mon coeur !

La jeune femme écarquilla les yeux et se mit à rire. Elle n'avait pas songé à la probabilité que cela soit une technique de drague, vu la formulation. En général, lorsqu'on cherchait à la draguer, les hommes mettaient plus en avant le fait qu'ils aient de nombreux fans ou qu'ils avaient travaillé avec des grandes stars du show-biz. Ce qui était, à ses yeux, quelque chose de totalement foireux.

Ginji : ...
Ginji : vous avez pas fui ?

Fujiya : Non, je n'ai pas fui.
Fujiya : Pour répondre à votre question, vu que je n'ai pas de pilosité au niveau du visage, qu'aucun appendice ne s'est développé à mon entre jambe et que mon corps est normalement capable de porter un enfant, je dirais qu'il semblerait que je sois bien une femme. En tout cas, j'ai toujours vécu comme telle.
Fujiya : Et vous, je suppose que vous êtes un homme ? Non, en fait j'en suis sûre.

Fujiya : Non, je n'ai pas fui.

Genjirõ se détendit quelque peu et passa une main brève dans la tignasse de cheveux noirs qui étaient si répétitive dans la lignée des enfants Ishikawa. Encore un mystère sur sa famille, surtout lorsque l'on apprenait que la mère était albinos et le père, des six enfants, châtain clair. Il souffla et regarda la réponse décisive.

Fujiya : Pour répondre à votre question, vu que je n'ai pas de pilosité au niveau du visage, qu'aucun appendice ne s'est développé à mon entre jambe et que mon corps est normalement capable de porter un enfant, je dirais qu'il semblerait que je sois bien une femme. En tout cas, j'ai toujours vécu comme telle.
Fujiya : Et vous, je suppose que vous êtes un homme ? Non, en fait j'en suis sûre.

Il sourit très gentiment à l'écran de son ordinateur. Il n'était vraiment pas discret et ne savait pas se dissimuler sans même en faire trop. Bref, il s'était fait démasquer en quelques minutes à peine. Le masque était levé Genjirõ Ishikawa, et ton chat te regardait de haut.

- Neko-chan ! S'indigna le jeune homme.

Ginji : j'aurais aimé mentir pour vous faire avoir tord...
Ginji : mais non
Ginji : je suis bien un homme
Ginji : qui a été honteusement démasqué !
Ginji : au fait, comment vous pouvez dire aussi rapidement que j'étais un homme ?

Ginji : je suis bien un homme
Ginji : qui a été honteusement démasqué !
Ginji : au fait, comment vous pouvez dire aussi rapidement que j'étais un homme ?

Anju se passa alors la main dans les cheveux, laissant échapper un rire nerveux. Elle avait parié tomber sur cette question à l'examen et maintenant qu'elle devait y répondre, elle ressentait une certaine gêne, même si son interlocuteur n'était pas présent physiquement.

Fujiya : C'est simple : vous vous exprimez avec le pronom personnel "ore", pronom masculin, donc à moins que vous ne soyez un vrai garçon manqué ou simplement que vous ne jouiez un rôle, vous êtes très probablement un homme. Ensuite, que dire ? Une intuition ? Parce que votre façon de vous exprimer me fait vraiment penser à celle d'un homme et a l'air tout à fait naturelle. De plus, aucune femme ne se serait autant inquiétée de ma fuite suite à une question pareille. Et je ne pense pas me tromper après avoir fréquenté beaucoup plus d'hommes que de femmes ces dernières années.

Fujiya : Et puis si vous jouiez la comédie, vous auriez déjà essayé d'obtenir quelque chose de moi, non ? À moins d'avoir loupé un épisode, il ne semble pas que ce soit le cas, si ?

Oui, tout se tenait. Si il avait vraiment cherché à obtenir quelque chose, il aurait déjà tenté. La jeune femme eut alors un sourire : ce n'était pas demain la veille qu'elle commencerais à laisser filtrer des informations personnelles.

Fujiya : C'est simple : vous vous exprimez avec le pronom personnel "ore", pronom masculin, donc à moins que vous ne soyez un vrai garçon manqué ou simplement que vous ne jouiez un rôle, vous êtes très probablement un homme. Ensuite, que dire ? Une intuition ? Parce que votre façon de vous exprimer me fait vraiment penser à celle d'un homme et a l'air tout à fait naturelle. De plus, aucune femme ne se serait autant inquiétée de ma fuite suite à une question pareille. Et je ne pense pas me tromper après avoir fréquenté beaucoup plus d'hommes que de femmes ces dernières années.

Ginji : vraiment trop simple pour vous...
Ginji : Des fois je me dis que les femmes sont vraiment merveilleuses

Fujiya : Et puis si vous jouiez la comédie, vous auriez déjà essayé d'obtenir quelque chose de moi, non ? À moins d'avoir loupé un épisode, il ne semble pas que ce soit le cas, si ?

Ginji : Obtenir quelque chose de vous ? Qui vous dit que je ne suis pas en train de déployer ma technique si particulière... regardez, que pensez vous de moi en ce moment ?

Ginji : c'est sûr que je ne serais pas le genre d'homme à vous envoyer "t'as une tof ?" "ah merde, t'es vrmt tro môche, dsl" "RDV = Vendredi, 19h30 au ..." "Enchanté, je peux vous rencontrer ?" "non c'est pas vrai ? Mais ça nous fait un point commun !"

Genjirõ regarda doucement son écran et gratta affectueusement la tête de Neko~chan. Il ne savait pas parler ainsi, et pour cause il n'était pas ce genre de garçon, mais aussi il aimait beaucoup trop les femmes pour ça. Enfin, les autres devaient aussi les aimer tout autant que lui mais d'une autre manière. "This is a man's world, this is a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl. ♫"

Ginji : En fait j'ai plus d'idées... je ne dirais jamais ce genre de choses.

Ginji : Obtenir quelque chose de vous ? Qui vous dit que je ne suis pas en train de déployer ma technique si particulière... regardez, que pensez vous de moi en ce moment ?

Anju écarquilla alors les yeux devant son écran d'ordinateur. Si elle ne l'avait pas connu depuis si longtemps, elle aurait juré qu'il s'agissait d'une certaine personne qu'elle connaissait. Mais non, il faisait des hautes études maintenant et n'était pas du genre à avoir recours à une fausse identité pour communiquer avec ceux qu'il connaissait.

Ginji : c'est sûr que je ne serais pas le genre d'homme à vous envoyer "t'as une tof ?" "ah merde, t'es vrmt tro môche, dsl" "RDV = Vendredi, 19h30 au ..." "Enchanté, je peux vous rencontrer ?" "non c'est pas vrai ? Mais ça nous fait un point commun !"

Ginji : En fait j'ai plus d'idées... je ne dirais jamais ce genre de choses.

Fujiya : Et moi je ne répondrais jamais à ça. J'ai déjà eu assez d'ennuis pour le restant de mes jours, alors tout ce que je veux, c'est vivre une vie paisible, même si c'est hautement improbable. Et vu mon âge, je suis normalement capable de faire preuve de bon sens.

Fujiya : Ce que je pense de vous ? Bah, je vous imagine comme je peux ! Je vous trouve des points communs avec les différentes personnes que je connaît et j'assemble le tout. Au final... ça donne quelque chose de très bizarre ! Déjà, vous êtes photographe, plutôt sympa puisque vous accepter de retoucher le nez d'une personne qui ne veut pas ou ne peut pas assumer son physique, drôle par votre façon de réagir, qui sait faire preuve d'un minimum de tact... et quoi d'autres ? Je ne sais même plus. Mais peut-être jouez-vous un rôle ? Dans ce cas, qu'est-ce qui vous dit que ce n'est pas aussi mon cas ?

Fujiya : Et moi je ne répondrais jamais à ça. J'ai déjà eu assez d'ennuis pour le restant de mes jours, alors tout ce que je veux, c'est vivre une vie paisible, même si c'est hautement improbable. Et vu mon âge, je suis normalement capable de faire preuve de bon sens.

Mon dieu, parlait-il à une centenaire ? Genjirõ fut prit d'un rire franc qui surprit son chat et le fit fuir toutes griffes dehors, le griffant aux cuisses au passage. Son rire se stoppa bien vite, se terminant dans un "gnegnemant" plaintif. Ce que Neko~chan pouvait être craintif ! Une vraie poule mouillée. La dame avait eut des soucis ? Genjirõ retira ce qu'il venait de penser, tout le monde avait des problèmes.

Ginji : Tout le mnde peut vivre une vie paisible, il faut seulement d'un peu de volonté pour.

Fujiya : Ce que je pense de vous ? Bah, je vous imagine comme je peux ! Je vous trouve des points communs avec les différentes personnes que je connaît et j'assemble le tout. Au final... ça donne quelque chose de très bizarre ! Déjà, vous êtes photographe, plutôt sympa puisque vous accepter de retoucher le nez d'une personne qui ne veut pas ou ne peut pas assumer son physique, drôle par votre façon de réagir, qui sait faire preuve d'un minimum de tact... et quoi d'autres ? Je ne sais même plus. Mais peut-être jouez-vous un rôle ? Dans ce cas, qu'est-ce qui vous dit que ce n'est pas aussi mon cas ?

Ginji : Je suis une personne... bizarre ?
Ginji : j'aime être complimenté sur mon tiste sort
Ginji : Mais vous inquiétez pas, je ne joue pas de rôle et pour cause : je suis très mauvais acteur. Ou alors je ne m'en pas compte à quel point je suis doué.
Ginji : Mais vous, vous ne jouez pas de rôle. Pas pour l'instant, du moins. Vous ne pouvez pas puisque jusqu'à présent vous ne m'avait rien dit sur vous et votre personnalité. Mis à part que vous êtes une très jolie femme. Alors comme je ne peux vous voir et vous entendre, oui, c'est vrai, vous ne jouez pas de rôle.

Ginji : Mais vous inquiétez pas, je ne joue pas de rôle et pour cause : je suis très mauvais acteur. Ou alors je ne m'en rends pas compte à quel point je suis doué.
Ginji : Mais vous, vous ne jouez pas de rôle. Pas pour l'instant, du moins. Vous ne pouvez pas puisque jusqu'à présent vous ne m'avait rien dit sur vous et votre personnalité. Mis à part que vous êtes une très jolie femme. Alors comme je ne peux vous voir et vous entendre, oui, c'est vrai, vous ne jouez pas de rôle.

Une jolie femme ? Elle ? Quand avait-elle sorti une absurdité pareille ? Son ego avait-il pris d'un coup des dimensions... énormes ? Peut importe sous quel angle elle se regardait, elle se trouvait juste banale. Elle n'avait rien qui lui permette de se démarquer des autres. Lorsqu'elle se regardait dans la glace, elle ne voyait qu'elle. Et elle n'était pas jolie.

Fujiya : je ne sais pas ce que j'ai pu dire qui fasse penser ça, mais pas de méprise : je ne suis pas jolie. En tout cas, je ne me considère pas comme telle. Il y a des millions de femmes au Japon plus belles que moi.

Il y eut à nouveau une pause, pendant laquelle la jeune femme jeta un coup d'oeil par la baie vitrée.Le temps était plutôt variable : il ne faisait pas très beau, mais il n'était pas sur le point de pleuvoir non plus. Le soleil brillant, mais il y avait toujours beaucoup de nuages dans le ciel. Il devait sûrement faire froid à l'extérieur... Elle reporta alors son attention sur l'écran du Chat et ajouta :

Fujiya : Et si toutes mes réactions, toutes mes réponses étaient programmées et calculées, ça serait comme jouer un rôle, non ? Mais bon, j'arrête là, je ne cherche pas à pourrir l'ambiance...

Oui... inutile d'instaurer le doute et de pourrir l'ambiance. Qu'est-ce que cela lui rapporterait, de toutes façons ? Rien. Et comme elle n'avait pas envie que l'autre fuit, elle devait arrêter maintenant.

Fujiya : je ne sais pas ce que j'ai pu dire qui fasse penser ça, mais pas de méprise : je ne suis pas jolie. En tout cas, je ne me considère pas comme telle. Il y a des millions de femmes au Japon plus belles que moi.

Genjirõ eut une légère déception et sourit joyeusement. Il était heureux, il fallait le dire. Bon, pas parce qu'il parlait avec une femme qui ne considérait pas comme jolie. Non, mais pour tout ce qui se passait autour de lui, sa vie, sa réussite, son appartement, ses amis. Et c'était un peu à cause de son interlocuteur qu ce sentiment ressortait. Finalement, c'était pratique le Chat sur la toile.

Fujiya : Et si toutes mes réactions, toutes mes réponses étaient programmées et calculées, ça serait comme jouer un rôle, non ? Mais bon, j'arrête là, je ne cherche pas à pourrir l'ambiance...

Ginji : vous êtes un robot-femme qui est sur le chat pour vérifier la fiabilité du site ? je ne vous crois pas, même si vous n'êtes pas un robot.
Ginji : et puis, vous m'avez bien dit que vous êtiez une femme
Ginji : donc vous êtes jolie.
Ginji : toutes les femmes sont jolies

{cours par rapport aux autres, mais autant progresser =3}

Ginji : vous êtes un robot-femme qui est sur le chat pour vérifier la fiabilité du site ? je ne vous crois pas, même si vous n'êtes pas un robot.
Ginji : et puis, vous m'avez bien dit que vous étiez une femme
Ginji : donc vous êtes jolie.
Ginji : toutes les femmes sont jolies

La jeune femme haussa les sourcils en lisant la réponse de son mystérieux correspondant. Toutes les femmes étaient jolies, hein ? "Désolée de ne pas avoir vécu dans le même univers que vous jusqu'à présent, j'aurais adoré" songea-t-elle.

Fujiya : C'est un constat que vous avez fait, ou juste une phrase qui vous est passée par la tête ? Dans ce cas, je dirais qu'entre homme et femme, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, mais qu'il n'y a seulement qu'une poignée d'individus des deux groupes qui valent mieux que les autres.

Oui, pas un pour rattraper l'autre. Qui était meilleur que l'autre entre une femme qui accusait à tort un adolescent de tentative de meurtre et un type qui frappait une adolescente pour des informations ? Pour la jeune femme, il n'y avait pas beaucoup de différence entre ces deux personnes. Enfin... Tout dépendait de la mentalité.

Fujiya : J'imagine donc que vous n'avez eu aucune expérience particulièrement désagréable avec une femme, ou du moins, aucune qui ait pus vous dégoûter définitivement. Personnellement, mon monde n'est fait que de quelques anges et de beaucoup de démons... Il y a aussi, bien évidemment, les gens "normaux", mais eux aussi se font rare. Désolée donc de ne pas pouvoir vous comprendre sur ce point.

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Gros retard au niveau de la réponse, gomen gomen !! >.<

Fujiya : C'est un constat que vous avez fait, ou juste une phrase qui vous est passée par la tête ? Dans ce cas, je dirais qu'entre homme et femme, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, mais qu'il n'y a seulement qu'une poignée d'individus des deux groupes qui valent mieux que les autres.

Fujiya : J'imagine donc que vous n'avez eu aucune expérience particulièrement désagréable avec une femme, ou du moins, aucune qui ait pus vous dégoûter définitivement. Personnellement, mon monde n'est fait que de quelques anges et de beaucoup de démons... Il y a aussi, bien évidemment, les gens "normaux", mais eux aussi se font rare. Désolée donc de ne pas pouvoir vous comprendre sur ce point.

Ginji : Les hommes et les femmes sont de nature trop différente
Ginji : un homme et une femme, même à travers le caractère, c'est incomparable. Les femmes, et je pense que c'est vrai, ne pourront jamais faire comme un homme il y a trop de choses qui nous séparent.
Ginji : et moi je préfère la nature féminine, si ça vous dérange pas !~
Ginji : et puis ça ne m'est pas passé dans la tête... loin de là
Ginji : dommage pour moi, je me fais maltraiter dans ma vie amoureuse ! je viens tout juste de sortir d'une bien jolie relation, mais qu'est-ce que vous voulez, ça se dégrade et ça fait mal. Plus à moi qu'à elle d'ailleurs.
Ginji : Ahalalallalalalalala~ que je suis bavard, je prends à moi tout seul la moitié de la page.
Ginji : le pire c'est que je vais devoir vous laisser sur un coup de tête
Ginji : à bientôt (j'espère) et merci d'avoir pu me supporter moi et ma nouvel arrivée sur les sites de chat !

Ginji : Ahalalallalalalalala~ que je suis bavard, je prends à moi tout seul la moitié de la page.
Ginji : le pire c'est que je vais devoir vous laisser sur un coup de tête
Ginji : à bientôt (j'espère) et merci d'avoir pu me supporter moi et ma nouvel arrivée sur les sites de chat !

Fujiya : J'espère vous revoir bientôt moi aussi, cette conversation était plutôt intéressante.

--Ginji s'est déconnecté du chat--
--Fujiya s'est déconnecté du chat--

- J'espère simplement que nous ne nous rencontrerons pas physiquement, au risque de vous décevoir, Ginji-san..., rajouta alors la jeune femme.

Elle ferma alors la page ainsi que toutes les applications avant d'éteindre son ordinateur. La jeune femme se leva alors, le laissant branché à l'alimentation, et partit chercher un baladeur et un casque audio. Elle revint alors dans l'entrée où elle saisit un sac et décrocha ses clés. Après être restée enfermée dans son appartement, rien n'était plus agréable que d'aller se promener en ville, de la musique dans les oreilles et d'oublier pendant quelques instants sa routine. Elle ouvrit la porte avant de la fermer et de la verrouiller derrière elle. Dehors, personne ne demanderait Fujiya... Seulement Anju Fujiyama.

Sujet: Re: ~「What's new ? 」［Genjirõ Ishikawa］